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La curée.

trompes de chasse à Soubise


L'équipage des Bois-Verts et le Rallye Malpaire sonnant la curée devant le vieux château au Parc Soubise.

On enlève les chiens, qu'on met à l'abri, pendant qu'on dépouille l'animal.
Celui-ci est placé sur le dos, les bois couchés le long de l'encolure et fichés en terre (ce qu'on appelle enfourchi ou emperché). On désarticule l'antérieur droit au-dessus du genou et l'on en tresse la peau, ainsi paré, le pied sera offert au moment des honneurs. Les quatre membres sont levés, mis dans un sac avec les bons morceaux de venaison (filets, etc.). Leur distribution devra obéir à une politique raisonnée, pour remercier tous ceux qui ont aidé à la chasse et faire des politesses, sans oublier les libéralités aux ½uvres hospitalières locales. La chair du cerf forcé est moins bonne que celle d'un animal frais tiré à la carabine. Elle est néanmoins estimée.
Le coffre, les bas morceaux et l'appareil digestif sont recouverts par la nappe, un homme, debout, tient la tête du cerf par ses bois et la balance à la vue de la meute qui l'aboie, maintenue sous le fouet du premier piqueur, les veneurs se placent derrière la dépouille, maitres à droite, piqueurs à gauche. Les rites de la curée diffèrent un peu suivant les équipages. Voici le plus classique: on sonne la tête de l'animal (daguet, seconde tête, troisième tête, quatrième tête, dix-cors jeunement, dix-cors ou la Royale, tête bizarde), puis l'hallali et la mort, au moment où le piqueur abaisse son fouet et où les chiens font curée chaude, on sonne la curée, puis les honneurs du pied (cape à la main pour les maitres et pour les piqueurs), pendant que le premier piqueur présente le pied droit de l'animal, qu'il a levé et tressé, au personnage à qui sont faits les honneurs. Le maitre d'équipage accompagne le piqueur et félicite le récipiendaire. Celui-ci remercie, prend le pied et donne, à la fin de la curée, un pourboire au premier piqueur. On sonne ensuite la fanfare de l'équipage, celle du maitre d'équipage, celle des personnalités présentes, et des fanfares ad libitum. Si les maitres sonnent bien, ils attaquent, et les piqueurs répondent. On peut aussi faire donner le chant en solo par une fine trompe et reprendre ensemble, ou encore plus simplement sonner sans reprise, maitres, piqueurs (et amateurs) ensemble. De toute façon, prévoir une seconde trompe pour trois premières. S'il se trouve un veneur pouvant sonner la troisième (ou basse), les fanfares en acquerront plus de relief
Les trophées du cerf sont:
1_ Son massacre,
2_ Son antérieur droit, objet des honneurs,
3_ Ses crochets, ou crocs. S'ils sont beaux et bien tachés, le premier piqueur peut les enlever et les nettoyer pour les mettre dans sa collection, il peut en céder contre une rémunération bénévole. La paire de crocs noués et montés en broche constitue l'épingle classique du veneur, avec laquelle il tient sa cravate de chasse,
4_ Pour mémoire, la nappe du cerf: en plein hiver, si la fourrure est forte, elle peut être retenue et tannée, pour constituer un tapis de selle, une couverture d'automobile, une descente de lit, etc. Choisir une nappe qui n'a pas été percée par des coups de dague ni par une balle.
Cependant, on fera l'appel de tous les chiens, on notera les manquants. Si les piqueurs font retraite à cheval, ils sonneront à travers bois pour les rallier. On s'inquiétera, dans les jours suivants, de retrouver les chiens perdus, certains rentreront seuls au chenil, d'autres se réfugieront chez l'habitant. Un piqueur viendra les chercher et gratifiera les personnes qui les ont recueillis.
Pour les veneurs, la journée est terminée. Pendant qu'on dépouillait l'animal, ils se sont restaurés aux cantines qu'avaient apportées les automobiles. Les cochers rentrent les chevaux, et les veneurs se retirent en auto. Jadis, ils faisaient retraite à cheval, et leurs récits mentionnent avec orgueil, mais sans les regretter, leurs longues retraites à la nuit tombée. Il est recommandé de ne pas terminer une journée de chasse à courre sans se réunir pour goûter ou dîner dans une maison amie ou dans une auberge. Dans la bonne humeur et parfois la passion, on retracera les péripéties de la journée, on en tirera la leçon « ad majorem venationis gloriam ».